Il y a quelques jours, j’ai suivi un incentive à Essaouira au Maroc, et mes collègues et moi avons pu débattre en long et en large d’un sujet particulièrement préoccupant : la droitisation du monde. Ou plutôt, son extrême-droitisation. L’élection de Trump n’en est à mon sens que l’une des conséquences. Mais dans notre pays aussi, le phénomène est en train de prendre une certaine ampleur. Depuis peu, par exemple, plusieurs candidats lors de la primaire de droite ont fait part de leur envie deréviser les manuels d’Histoire fournis par l’Education : leur but était d’en offrir une nouvelle mouture, une version non culpabilisante où l’histoire de France serait purement héroïque. François Fillon, par exemple, n’a pas hésité à donner en exemple le modèle chinois : un modèle où les enfants apprennent sur le bout des doigts la liste des dynasties chinoises et ne sont absolument pas encouragés à avoir le moindre recul critique. J’ai bien conscience que le contenu des cours donnés aux élèves ne mobilise pas les foules, et moi-même je m’en moque éperdument en règle générale, mais la question soulevée par Fillon et d’autres nous a tout de même fait passer un cap en terme de droitisation. Toute notre société est en train de basculer lentement vers l’extrême-droite. Qui aurait pu imaginer, il y a quelques années encore, que des politiciens d’envergure nationale évoqueraient sans sourciller de mettre en place un révisionnisme historique ? Peut-on encore parler de courtiser les électeurs du FN quand on en est à ce stade de séduction ? Ou souscrit-on tout simplement à la vision du Front National ? La rationalisation des idées de l’extrême-droite qui est à l’oeuvre dans les partis démocratiques représente à mon sens un réel danger, et il serait plus que temps de s’en préoccuper. Pourtant, personne ne s’en mêle, craignant d’être ridiculisé par tout le monde. Car oui, désormais, lorsqu’on évoque cette dérive, on se fait aussitôt taxer de bobo. Pour finir sur une note plus légère, j’aimerais signaler que j’ai beaucoup aimé cet incentive au Maroc. Tenez, je vous mets en lien l’agence qui l’a mis sur pied : les animations proposées étaient plutôt… étonnantes, mais pas inintéressantes.