La crise actuelle et le creusement des déficits publics

La dette publique est surtout la conséquence de déséquilibres globaux qui touchent notre pays depuis un certain nombre d’années. Parmi ces déséquilibres, on retiendra notamment l’excroissance du secteur financier, le déficit de la balance des paiements, la désindustrialisation, la montée du chômage et des inégalités de revenus… Dans certains pays, la dette publique provient également de l’éclatement de la bulle immobilière tant aux États-Unis qu’en Europe qui a provoqué un transfert des dettes privées vers les dettes publiques (subprimes aux États-Unis et bulle immobilière en Espagne). Ceci démontre qu’une dette privée peut être fongible dans une dette d’État. L’éclatement de la crise financière et la récession qui s’en est suivie ont amoindri les recettes fiscales (- 51 milliards d’euros entre 2007 et 2009 en France), gonflé les dépenses publiques et creusé les déficits. Depuis 2007, la baisse de la pression fiscale s’est accélérée et a été couplée au développement des niches, faisant exploser le déficit. Selon la Cour des comptes, un tiers de la hausse de la dette publique serait imputable à la crise. Dans quelques cas, le sauvetage des institutions financières a nécessité des transferts de fonds publics très importants (Espagne, Irlande, Royaume-Uni, États-Unis) qui n’ont pas encore fait l’objet de remboursements. Ainsi, des États comme l’Espagne dont la situation budgétaire avant la crise était favorable (excédent budgétaire de 2005 à 2007), se sont trouvé handicapés par un déficit budgétaire lourd et brutal (- 11 % du PIB en 2009 pour l’Espagne et encore 9 % en 2010). En France, la situation est moins contrastée, les banques françaises ayant remboursé leurs dettes vis-à-vis de l’État, avec paiement des intérêts correspondants. Il reste que certaines recettes sont très sensibles à la conjoncture économique. Ainsi, l’impôt sur les sociétés, qui rapportait autour de 50 milliards d’euros dans les années 2006 à 2008, a fléchi à 21 milliards d’euros en 2009 (effet mécanique de la crise) ! mais a rebondi à 33 Md en 2010 et 42 Md en 2011.